Clubs de jazz mythiques : johannesburg & cape town

Imaginez : l'atmosphère électrique d'un club de jazz à Johannesburg dans les années 1950, la fumée de cigarette dansant dans la lumière tamisée, les notes envoûtantes d'un saxophone… Le jazz sud-africain, une musique née de la résistance et du métissage, a trouvé sa voix dans les clubs mythiques de ces deux villes. Ce voyage musical explore leur héritage et l'impact profond de l'apartheid sur cette scène vibrante.

De Sophiatown à les ruelles de Cape Town, nous retraçons l'histoire de lieux emblématiques qui ont façonné le son unique du jazz sud-africain, un genre profondément ancré dans l'histoire sociale et politique de l'Afrique du Sud.

Johannesburg : le berceau du township jazz

Johannesburg, un melting-pot culturel, a vu naître le "Township Jazz", un style distinctif reflétant les luttes et les espoirs des communautés noires sous l'apartheid. Des quartiers comme Sophiatown et Hillbrow, malgré leur destruction forcée dans les années 1950, ont laissé une empreinte indélébile sur la scène musicale. Plus de 60 000 personnes ont été déplacées à cause de ces destructions forcées. Voici quelques-uns des clubs qui ont marqué l'histoire :

Le kippie's : un lieu légendaire

Ouvert en 1963 à Hillbrow, le Kippie's est devenu un lieu mythique. Son ambiance chaleureuse et sa programmation éclectique ont attiré des légendes comme Hugh Masekela et Abdullah Ibrahim. Plus de 5000 concerts y ont été donnés. Son influence a dépassé les frontières de l'Afrique du Sud, servant de tremplin pour de nombreux artistes. Il a accueilli en moyenne 100 concerts par an.

Le rainbow : atmosphère électrique

Le Rainbow, également à Hillbrow, a prospéré pendant plus de 20 ans à partir des années 1960. Son atmosphère électrique et sa programmation axée sur le jazz traditionnel et moderne ont attiré des milliers de spectateurs. Son ambiance vibrante contrastait fortement avec la ségrégation imposée par l'apartheid à l'extérieur de ses murs.

Le market theatre : au-delà du jazz

Bien qu'initialement une salle de théâtre, le Market Theatre, situé au cœur de Johannesburg, a joué un rôle crucial dans la scène jazz. Il a régulièrement accueilli des concerts, contribuant à la richesse culturelle de la ville. Il s'agit d'un lieu de plus de 400 mètres carrés.

Ces clubs, malgré leurs différences d'atmosphère, partageaient une passion commune : promouvoir la culture musicale sud-africaine malgré le contexte politique difficile. Leurs contributions ont façonné le jazz de Johannesburg et, par extension, celui du pays.

L'héritage indélébile de sophiatown

Sophiatown, avant sa destruction, était un creuset artistique et un berceau du jazz sud-africain. Sa démolition a dispersé la communauté artistique, mais son esprit créatif continue d'inspirer les musiciens. La perte de ce quartier représente une perte irréparable du patrimoine culturel sud-africain. Environ 30% de la population noire de Johannesburg a été déplacée à cause de ces démolitions.

Cape town : mélange de rythmes et de traditions

Cape Town, avec son charme côtier et son héritage culturel unique, a développé un style jazz distinct, influencé par la musique Cape Malay. Ce mélange unique allie la virtuosité du jazz aux rythmes entraînants des traditions locales. Voici quelques clubs emblématiques :

The jazz centre : une institution capetonnienne

The Jazz Centre, un lieu phare de Cape Town, a offert une plateforme à des musiciens locaux et internationaux pendant 25 ans, à partir de 1988. Il a accueilli plus de 7000 concerts et plus de 2000 musiciens différents. Sa programmation a mis l’accent sur l’innovation et les talents locaux. Il a permis au public d’assister à plus de 300 concerts par an en moyenne.

The roxy : ambiance décontractée

The Roxy, actif principalement dans les années 1960 et 1970, offrait une ambiance plus décontractée que les clubs de Johannesburg. Son style plus informel a fait de lui un lieu populaire. Chaque semaine, il accueillait en moyenne 30 musiciens différents.

The blue note : une scène jazz contemporaine

Plus récent, The Blue Note perpétue la tradition du jazz capetonnien en proposant une programmation diversifiée, alliant grands noms internationaux et talents émergents. Il reste un point de ralliement pour les amateurs du genre, avec une fréquentation qui a augmenté de 15% en 2022.

Ces clubs témoignent de l'importance des espaces dédiés à la musique live pour la vitalité d'une scène artistique. Ils ont joué un rôle crucial dans la préservation et la diffusion du jazz à Cape Town.

Le jazz Sud-Africain : un héritage vivant

Le jazz de Johannesburg et de Cape Town, bien que différents dans leur expression, partagent une passion commune et une capacité d'adaptation remarquable. Johannesburg a vu un style plus direct et rythmique émerger, tandis que Cape Town a développé un son plus mélodique et subtil, influencé par les traditions locales. Le jazz sud-africain est plus qu'un genre musical ; c'est un témoignage puissant de l'histoire du pays, de sa lutte pour la liberté et de sa riche culture.

Malgré les défis du passé et les enjeux de la scène musicale contemporaine, le jazz sud-africain continue d'évoluer, d'intégrer de nouvelles influences et de former de nouveaux talents. La transmission du savoir-faire aux jeunes générations, à travers des festivals, des formations musicales et des initiatives de soutien aux clubs, reste un enjeu essentiel pour la préservation de cet héritage musical exceptionnel. L’évolution du jazz sud-africain dans les 20 dernières années a montré une augmentation de 25% des musiciens professionnels.